En 2022, l’administration d’antibiotiques dans les élevages d’animaux dits de rente a baissé de 12% en Suisse par rapport à l’année précédente.

En 2021, l’utilisation d’un peu plus de 28 tonnes d’antibiotique marquait déjà une baisse de 6%. Et c’est plutôt une bonne nouvelle pour la santé publique.

Baisse des antibiotiques dans les élevages

Selon le rapport annuel ARCH-Vet publié le 25 juillet 2023 par l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), les ventes d’antibiotiques seraient en baisse de 51% depuis 2012. Celles d’antibiotiques dits critiques auraient également diminué d’environ 40%. Ces substances sont des principes actifs de priorité absolue en médecine humaine et doivent être utilisés de manière très restrictive chez les animaux.

Les dangers de l’antibiorésistance

La résistance aux antibiotiques (1) est devenue un problème majeur de santé publique. Pour soigner certaines pathologies sévères, les médecins n’ont parfois plus d’autres choix que d’utiliser d’anciennes classes d’antibiotiques, malgré les effets secondaires graves qu’ils peuvent induire. Dans d’autres cas, les traitements qui produisaient de bons résultats auparavant sont devenus tout simplement inefficaces. En Suisse, on estime que 300 décès sont dus chaque année à des bactéries résistantes. En cause : un usage inadapté des antibiotiques en médecine humaine et une utilisation massive de ces mêmes antibiotiques dans les élevages.
En 2022, 78,8% des produits vétérinaires ont été prescrit pour des vaches laitières et des veaux d’engraissement, suivis des porcs (13,5%) et des volailles (0,8%). Chez les animaux de compagnie, la plus grande quantité d’antibiotiques a été prescrite aux chevaux (62%), suivis des chiens (32%) et des chats (6%).

Des antibiotiques comme facteurs de croissance

Des antibiotiques comme facteurs de croissance

Une expérience menée aux Etats-Unis à la fin des années 1940 démontrait qu’à faible dose, les antibiotiques provoquaient une accélération de la croissance des animaux, notamment des volailles et des porcs. La méthode s’est rapidement répandue avec le développement de grandes unités d’élevage. Bien que l’on découvre déjà à cette période des résistances chez des bactéries pathogènes comme les salmonelles, les antibiotiques n’étaient plus utilisés comme des médicaments, mais comme des compléments alimentaires. Avec la généralisation de l’élevage intensif, la sélection d’animaux à haut rendement de production mais plus fragiles, l’utilisation d’antibiotiques est devenue massive en quelques décennies.

Au vu des risques encourus pour la santé publique, les premières tentatives visant l’interdiction des antibiotiques à des fins d’optimisation des élevages apparaissent dès les années 1970. Mais ce n’est qu’en 1996 en Suisse et en 2006 au sein de l’Union européenne, qu’une interdiction d’administrer aux animaux des médicaments hors nécessité thérapeutique est appliquée.
Cette mesure ne concerne pas les élevages hors UE, dont de la viande produite avec des hormones et autres antibiotiques peut continuer à être importée en Suisse, au motif d’accord commerciaux ratifiés entre les différents États. Seule obligation pour les distributeurs depuis mars 2000, la mention «peut avoir été produit avec des hormones comme stimulateurs de performance» et/ ou «avec des antibiotiques et, ou, d’autres substances antimicrobiennes comme stimulateurs de performance» doit être inscrite sur les étiquettes des denrées carnées concernées.

Du lait impropre à la consommation

Bien que l’administration d’antibiotique soit en baisse régulière en Suisse, il n’y a pas encore de quoi se réjouir. A l’exemple de nos vaches laitières, sélectionnées pour produire tellement de lait que leur corps n’est soulagé qu’à coups de médication. Selon un rapport publié en 2000 par l’Agence européenne de surveillance de la consommation d’antibiotiques vétérinaires, nos éleveurs en utilisaient 18 fois plus que les Danois et 90 fois plus que les Norvégiens. Notre agriculture produirait chaque année 80 millions de litres de lait impropres à la consommation en raison de leur surcharge en résidus médicamenteux.

Note :

(1) Capacité d’une bactérie à résister aux effets des antibiotiques.