En rejetant notre recours demandant l’effet suspensif des tirs des cerfs dans le canton de Genève, le Tribunal fédéral laisse la voie ouverte au Conseiller d’État vert Antonio Hodgers pour ordonner l’abattage d’un maximum d’animaux jusqu’à la date limite autorisée des tirs, fixée au 31 janvier.

Chasse Genève

«Nous allons en abattre une dizaine», a-t-il annoncé aux médias (1). Une dizaine, pour quel effet ? Aucun, s’il s’agit de réduire leur population ou de limiter les dégâts faits aux cultures ou aux forêts. Il s’agit de tuer pour tuer. L’intérêt à les épargner aurait été, au contraire, de pouvoir constater cet automne si cette population augmente réellement chaque année, comme le prétendent ses services – ce que les habitués des bois de Versoix et passionnés de nature contestent.

Grande nouveauté, on abat mainteant des animaux sauvages sans l’approbation de la commission constituée pour préaviser les demandes de tirs des autorités. Cette commission, qui faisait office de garde-fou à une gestion politique de la faune, avait été instituée lors de la votation interdisant la chasse dans le canton de Genève il y a une cinquantaine d’années. Inscrite dans la Constitution, elle était à l’abri de toutes les volontés politiques de faire abattre des animaux sans nécessité.

À l’occasion de la révision de la Constitution, la majorité de droite de l’Assemblée constituante avait été tout heureuse de supprimer cette commission, qui faisait barrage à ses désirs de chasse. Avec la promesse, durant la campagne de votation en 2012, que rien ne changerait : la chasse resterait toujours interdite et la commission garderait ses prérogatives. Promesse de politicien. Le Conseiller d’État Hodgers s’assied sur les décisions de la commission, reléguée depuis 2015 dans une simple loi, et affirme que ses préavis sont devenus purement consultatifs.
Il fait abattre des animaux, non pas pour les dégâts commis sur le territoire cantonal, mais à la demande des Vaudois et Français afin de «participer à l’effort régional de régulation». Tirer des animaux dans un canton où la chasse est interdite parce que nos voisins le demandent, c’est assez fort.

Réinscrire dans la Constitution genevoise l’article interdisant la chasse

 Le moyen de mettre fin à cette situation ? Réinscrire dans la Constitution genevoise l’article interdisant la chasse, tel que voté par la population il y a plus de 50 ans. Et ne plus participer à l’élection de ces politiques qui pensent prioritairement à leurs intérêts personnels plutôt qu’au respect des décisions de la population.

 

(1) https://www.lemanbleu.ch/fr/Actualites/Geneve/La-regulation-des-cerfs-reprend-apres-decision-du-Tribunal-federal.html