Tirer les sangliers et cervidés en surnombre, ou avoir recours à une méthode contraceptive pour limiter leur reproduction ?
Du 1er mars au 30 avril 2024, les habitant-e-s du canton de Genève sont appelés à participer à un sondage sur la gestion de la faune par l’autorité cantonale.
Malgré l’interdiction de la chasse en vigueur depuis 1974, le canton de Genève tire des centaines de sangliers et des dizaines de chevreuils chaque année. Pour la première fois entre décembre 2023 et janvier 2024, le canton a étendu ses tirs aux cerfs dans les bois de Versoix, suscitant de vives critiques.
Car ces tirs pourraient être évités, notamment en utilisant une méthode contraceptive pour réduire les densités d’animaux où elles commettent trop de dégâts. Parmi ces méthodes, l’utilisation du vaccin immunocontraceptif GonaCon serait la mieux adaptée. Il s’agit d’un vaccin réversible dont l’effet dure d’une à deux années, laissant ainsi la possibilité aux animaux de se reproduire selon un plan défini, tout en stabilisant les populations.
Il existe une abondante littérature décrivant le mode d’action du GonaCon, ses effets sur le long terme et son efficacité selon les espèces animales vaccinées. De nombreux pays l’utilisent, notamment pour réduire la reproduction d’animaux vivant en liberté.
Plus près de chez nous, deux études sont en cours en Italie et en Espagne pour tester l’efficacité du GonaCon sur des populations de sangliers vivant en liberté.
Pour le ministre italien de la santé, le fonds de 500’000 euros alloué en septembre 2022 pour l’utilisation du GonaCon doit permettre de «combattre et prévenir efficacement la prolifération de certaines espèces de la faune et de prévenir les dommages économiques en cas de déséquilibres écologiques avérés ».
Quant à l’étude espagnole, la première phase débutée en 2017 s’est terminée en novembre 2021, avec des résultats très encourageants sur la capacité du GonaCon à réduire la reproduction.
Mais à Genève, l’Office Cantonal de l’Agriculture et de la Nature (OCAN) et son Conseiller d’Etat Antonio Hodgers n’en veulent pas, assurant qu’il vaut mieux abattre des animaux plutôt que d’en rendre une partie infertile. Pour le Conseiller d’Etat vert, l’utilisation du GonaCon serait une «dérive anthropomorphique» et une «humanisation de la nature sauvage» d’une «société urbaine largement déconnectée des réalités». Les autorités espagnoles et italiennes qui financent leurs études sur l’utilisation du GonaCon apprécieront les atermoiements de ce citadin spécialiste en faune sauvage.
Abattre un animal lorsqu’une autre solution moins dommageable est possible, est une solution de facilité qui n’honore pas notre capacité à étendre notre réflexion au-delà de nos intérêts propres. Respecter le vivant et l’environnement dans lequel il évolue contribue à plus d’humilité et humanité.
Sondage sur la gestion de la faune
Du 1er mars au 30 avril 2024, la population genevoise est appelée à se prononcer sur la gestion de la faune genevoise. Est-elle pour que la régulation continue à se faire par des abattages de sangliers et cervidés, ou soutient-elle l’utilisation du vaccin GonaCon pour rendre temporairement infertile un certain nombre de femelles et ainsi permettre de stabiliser ou réduire des populations d’animaux sans devoir les éliminer ?
Le sondage s’adresse uniquement aux habitant-e-s du canton de Genève, quel que soit leur âge ou nationalité. La page du sondage expose le point de vue de l’OCAN pour les tirs, et celui d’Animal équité pour l’utilisation du GonaCon.
Consultez les arguments des uns et des autres, et… votez !
Un grand merci pour votre participation.