Disparues depuis une cinquantaine d’année, les calèches tirées par des chevaux font leur retour dans les rues piétonnes de la Ville de Genève.

Non au retour des calèches à Genève

(Image d’illustration)

Depuis le 7 juillet 2023, la Ville autorise les Attelages du Léman à parcourir trois trajets au départ d’un parc du centre-ville. Cette phase pilote, qui offre l’image d’une ville pour qui exploiter des chevaux sous le soleil ou les intempéries pour promener quelques touristes n’est pas un problème moral, durera une année. Sera-t-elle prolongée ? Il faut espérer que non. L’exploitation humaine ou animale n’a pas sa place dans une société civilisée qui aspire à plus d’égalité et équité.

Depuis plusieurs années, le propriétaire des Attelages du Léman, Shkelzen Hajdari, jardinier paysagiste à 80%, sollicitait en vain de la Ville de Genève une autorisation pour circuler avec des calèches et autres fiacres dans les parcs et sur les quais bordants le lac Léman. Le principal argument avancé par l’exécutif pour refuser sa demande était d’ordre sécuritaire et fonctionnel. Les parcs étant très sollicités par le public, partager cet espace avec une calèche et des chevaux n’était pas opportun et faisait courir un risque pour la sécurité des promeneurs. Lors de ses accès sur la voie publique, la présence d’une calèche se déplaçant à faible allure pouvait nuire à la fluidité du trafic.

À défaut d’obtenir l’accord de la Ville, la législation autorisant les calèches à circuler sur la voie publique, les Attelages du Léman proposaient des prestations payantes lors de mariages ou événements, notamment lors du marché de Noël. Mais pour son propriétaire, cette activité n’est pas rentable. Il expliquait s’être endetté pour vivre « son rêve de gosse » et acheter sa vingtaine de calèches et 16 équidés. Promener des touristes lui permettrait de « vivre de sa passion, tout en créant de l’emploi et en préservant un patrimoine ».

Une motion pour le retour des calèches et de la « cavalerie » en Ville de Genève

Cavalier lui-même et à l’écoute des griefs des Attelages du Léman à l’encontre de l’exécutif de la Ville, le conseiller municipal PLR Olivier Wasmer dépose le 19 juin 20218, la motion M-1364 pour le retour des véhicules hippomobiles (véhicules tirés par des chevaux), cosignée par 11 autres élu-e-s.
La motion traite de plusieurs objets en lien avec les calèches et l’utilisation de chevaux pour les agents municipaux, que les motionnaires nomment « cavalerie » (!) Au final, seule la question liée à la circulation des calèches dans les espaces réservés aux piétons sera conservée. La motion sera acceptée le 23 mai 2022 par 43 oui contre 13 non et 4 abstentions.

Bien qu’une motion soit non contraignante pour l’exécutif, le Conseil administratif a décidé sa mise en œuvre, délivrant aux Attelages du Léman en juillet 2023 une autorisation valable une année, à titre de phase pilote.
Pour Cédric Waelti, porte-parole du Département municipal de la sécurité et des sports, « Cette phase permettra aux services concernés d’étudier de manière pragmatique les impacts positifs et négatifs d’une telle activité. Elle doit répondre aux exigences du Service du vétérinaire cantonal, liées à l’utilisation de chevaux en milieu urbain. Il est nécessaire de tenir compte du bien-être des animaux. Ensuite, la Ville sera aussi attentive aux retours du public, à la fréquentation, à la cohabitation avec les autres usagers de la route et avec les riverains. »
Quant au propriétaire des Attelages du Léman, il espère, lui, qu’après la phase pilote l’expérience pourra être prolongée, mais aussi élargie aux parcs et aux quais.

Calèche au Parc des Bastions

Calèche des Attelages du Léman au Parc des Bastions

Envolées lyriques au Conseil municipal et exploitation des chevaux

On aura tout entendu durant les débats liés au traitement de la motion M-1364.
Pour un conseiller municipal MCG, la présence de calèches amènerait « une dimension poétique à la Ville ». Un UDC y voit plutôt « une dimension romantique » et un plaisir pour les habitants. Une élue d’Ensemble à Gauche prévoit un enrichissement de nos parcs et notre rade, et une « parenthèse bienvenue de nature et d’authenticité ».

Un élu Centriste a particulièrement apprécié l’audition du propriétaire des Attelages du Léman, venu parler « de son rêve à réaliser comme d’un retour du passé. Il est d’ailleurs venu à son audition avec un chapeau haut-de-forme » pour montrer l’importance de la tradition à ses yeux.
Les traditions ont bon dos lorsqu’il s’agit de perpétuer des actions au détriment des plus faibles. S’agit-il aussi de se remémorer le bon vieux temps où les employé-e-s étaient corvéables à merci six jours sur sept ? Ou cette époque ou les femmes n’avaient pas le droit de vote ? Quant à la condition du cocher muni de son haut-de-forme, probablement que le propriétaire des Attelages du Léman lui-même ne voudrait pour rien au monde se projeter à l’époque où ceux-ci devaient conduire leurs clients, sous le vent, la neige, la pluie ou le soleil pour un salaire de misère. Lorsqu’une vision romantique tente de refaire l’histoire, elle contribue à défaire les réalités et les souffrances vécues à ces périodes.

calèche

Qui a sérieusement la nostalgie de cette époque ?

Bien dressé ou simplement résigné ?

Quant au traitement des chevaux, on a surtout entendu que « bien dressés », ils s’adapteraient « très bien au milieu urbain ». Cette affirmation a aussi été formulée par le propriétaire des Attelages du Léman. La plupart des interventions provenaient d’ailleurs de cavaliers, pour qui grimper sur un cheval dressé n’est déjà pas un problème. Et si la première chose à repenser était notre rapport avec cet animal et ce qu’on lui fait subir ?

Aucun cheval ne nait avec une selle sur le dos ou l’instinct de tirer une charge. Mettez un poulain dans un vaste pré avec des congénères, et il n’en aura strictement rien à faire d’avoir un contact avec des humains, ni la moindre envie d’en supporter un sur son dos.
Si un cheval se laisse monter, c’est qu’il y a été contraint. Par la force, ou avec plus ou moins de patience. Il s’agit d’une phase ou l’animal est débourré. Les cavaliers qui aiment tant leurs chevaux et pensent être leur meilleur compagnon devraient assister aux débourrages des chevaux.
On peut soumettre ces animaux à toutes sortes de situations désagréables ou anxiogènes et nier le stress qu’ils subissent durant ces phases d’habituation. Présenter fièrement les animaux qui auront réussi à les surmonter, tout en taisant les souffrances qu’ils auront endurées. Un animal qui se retrouve impassible en pleine circulation routière est un animal qui a été contraint d’y arriver. Imposer à un cheval une situation qu’il fuirait à l’état naturel est de la maltraitance animale.

Un conseiller municipal MCG qui annonçait trente-six ans de dressage, assurait avoir été le meilleur ami de son cheval. Quelle prétention. Avec des amis comme ça, nul besoin d’ennemis. Il assurait encore que lorsqu’il parcourait la France avec son cheval, celui-ci « savait qui le brossait, qui lui donnait à manger et qui le pansait, le soir, quand il avait les jambes un peu fatiguées ». A l’entendre, le cheval était ravi de le trimbaler sur les routes. Un cheval qui montre de l’intérêt pour celui qui le soigne est surtout un animal captif, qui n’a d’autres choix que de recevoir chaque attention comme un enrichissement de son quotidien monotone.

Des chevaux qui tombent

D’ailleurs, ces animaux « produits » pour tirer des charges sont-ils des machines infaillibles ?
Une conseillère municipale PLR s’émerveillait en mai 2022 des « superbes balades en calèche à Central Park » dans la ville de New York. Trois mois après ses propos, un cheval tirant une calèche s’effondrait à cause de la chaleur dans cette ville. Il est resté à terre durant plus d’une heure sous une température de 31°.

Ryder effondré sur le bitume à New York

Ryder effondré sur le bitume à New York

Des chevaux qui tirent des calèches à touristes tombent chaque année. Pas seulement sous le soleil brûlant des pays du Sud. C’est suite à l’effondrement ou la mort de chevaux en plein effort que des villes comme Salt Lake City ou Montréal ont interdit l’utilisation de véhicules tirés par des chevaux.
Parmi les villes citées par la motion autorisant les circuits en calèches, Prague a décidé entre-temps de les interdire pour des questions de bien-être animal. S’alignant ainsi sur des décisions similaires d’autres villes comme Chicago ou Melbourne.

Les calèches à Prague, c’est terminé pour des questions de bien-être animal

Les calèches à Prague, c’est terminé pour des questions de bien-être animal

Des accidents de la route graves impliquant des voitures et calèches ont aussi lieu chaque année. Rien qu’en France, plusieurs accidents ont eu lieu ces dernières années, dont un mortel pour un passager de calèche en 2017. Dans l’Orne, deux chevaux sont allés s’encastrer dans une voiture en 2021, après avoir éjecté leur cocher.

A Genève bien sûr, il n’y a aucune chance que ça arrive. Car nous avons les lois les plus strictes. Et il est bien connu que la malchance ne frappe jamais les meilleurs.

A un journaliste venu l’interviewer en août 2022, Le propriétaire des Attelages du Léman assurait lui aussi que ses chevaux étaient adaptés à un environnement urbain. « Le dressage permet de désensibiliser le cheval et de lui donner toute confiance dans le cocher. Mes chevaux peuvent supporter le passage d’une ambulance ou d’un camion de pompiers sans être effrayés ».

Le journaliste constatait lui qu’une moto vrombissante passant à côté de la tête du cheval provoqua son accélération, avant de ralentir sur l’ordre du cocher. « Il ne faut pas confondre surprise et peur » expliquait le cocher. Pendant que les automobilistes coincés derrière la calèche franchissaient une ligne blanche pour le doubler à la moindre occasion.

On ne mange pas la « plus belle conquête » de l’homme

A notre époque « où il y a des enfants qui demandent ce qu’est un poulet, il est bon de leur montrer qu’on ne mange pas le cheval et que c’est un superbe animal avec lequel on vit, un animal qui nous tire, qui est là pour nous, pour nous rendre service » déclarait encore la même élue PLR.

Selon son raisonnement, on mange donc un poulet parce qu’il ne sert à rien, mais pas un cheval qui est à notre service. Ou plutôt pas tout de suite. On l’utilise, puis on l’envoie à l’abattoir. Ce qui est le lot de milliers de chevaux chaque année en Suisse.

Un dernier argument avancé par les soutiens aux Attelages du Léman est qu’en faisant travailler des races de chevaux de traits, on valorise certaines races qui s’éteignent. Et que des races faites pour travailler sont malheureuses si elles restent inactives et ne peuvent pas dépenser suffisamment d’énergie.

Définitivement, laissons ces races sélectionnées génération après génération pour développer des aptitudes utiles qu’à l’humain s’éteindre. Aimer les chevaux c’est les laisser libres.

Compte-rendu des débats au Conseil municipal lors du traitement de la motion pour le retour des véhicules hippomobiles en Ville de Genève

Motion M-1364, déposée le 19 juin 2018 par le conseiller municipal PLR Olivier Wasmer et cosignée par les conseillers et conseillères municipales Patricia Richard, Georges Martinoli, Renate Cornu, Simon Brandt, Didier Lyon, Helena Rigotti, Michel Nargi, Pierre de Boccard, Michèle Roullet, Pierre Scherb et Jacques Pagan.

Pour les motionnaires, « attendu que les magnifiques parcs de la ville de Genève et les bords de la rade offrent un spectacle magnifique unique au monde ; qu’il y a de très nombreux manèges, fermes et élevages dans le canton de Genève qui pourraient pourvoir à la location, voire à la mise à disposition tant d’attelages que de chevaux à des fins principalement touristiques; que tant les attelages à cheval que les chevaux constituent, comme la batellerie et les voiliers, un attrait particulier pour une ville touristique comme Genève », le Conseil administratif est invité à « engager toutes démarches utiles en vue d’examiner l’opportunité de permettre la circulation de calèches et dire de quelle manière cette activité pourra être déployée ».

La commission de la sécurité, du domaine public, de l’information et de la communication chargée d’examiner la motion, la traite une première fois le 10 janvier 2019.

A cette occasion, le Parti libéral-radical (PLR) rappelle que les Attelages du Léman proposent déjà des tours en calèches tirées par des chevaux lors d’évènements et que le parti « souhaite dynamiser Genève ». Le conseiller administratif en charge du Département responsable, M. Barazzone (PDC) refuse que ces calèches aient accès aux abords du lac.

Le 31 janvier 2019, la commission auditionne Shkelzen Hajdari, responsable des Attelages du Léman. Dans son dossier préparé à l’attention des autorités, il assure que les touristes « visitant notre magnifique ville, se montrent particulièrement sensibles à tout ce qui peut la singulariser par l’originalité et l’excellence des services proposés. » Quant à l’utilisation de ses calèches, il est convaincu qu’ils « repartiront ainsi avec d’heureux souvenirs qu’ils partageront avec leurs proches, améliorant encore l’image de la ville à l’étranger et favorisant ainsi un cercle vertueux de communication positive en faveur du tourisme genevois ».
Il souligne qu’il a choisi de venir en tenue d’époque devant la commission pour montrer l’importance de la tradition à ses yeux.
Il affirme encore que la population soutient son projet et y serait réceptive. La demande serait suffisante pour que cette activité soit lucrative. L’entreprise possède actuellement quatorze chevaux et tout autant d’attelages. Les chevaux sont installés dans les écuries du Polo Club de Genève, en raison de la présence d’infrastructures qui facilitent l’entraînement et le dressage des chevaux. Il s’est inscrit au Registre du commerce en tant que société en nom propre, suite à des faillites.

Le 30 janvier 2020, la commission approuve la motion par 8 oui (2 MCG, 1 UDC, 3 PLR, 1 PDC, 1 EàG) contre 4 non (3 S, 1 Ve) et 1 abstention (S).
Un commissaire du Mouvement citoyens genevois (MCG) expose que la présence de calèches pourrait amener une dimension poétique à la Ville, des images d’une autre époque. Un commissaire de l’Union démocratique du centre (UDC) note que les chevaux apportent une dimension romantique à la Ville, et sont un plaisir pour les habitants durant toutes les saisons.

Plébiscite de la motion au Conseil municipal

C’est durant la séance du Conseil municipal du 23 mai 2022 que la motion M-1364 sera traitée par l’ensemble des élus.

Pour la conseillère municipale d’Ensemble à Gauche (EàG) Corinne Bonnet-Mérier, la présence de ces calèches ne peut qu’être soutenue, « à l’heure d’un monde beaucoup plus connecté à des écrans qu’à la vie réelle. Les chevaux qui travaillent en ville ou au contact de la population bénéficient d’une formation très poussée. En tant qu’ancienne cavalière, je n’oublie pas le lien social créé par les chevaux. Notre ville mérite cette proposition. Elle enrichira nos parcs et notre rade, y amènera sans doute une parenthèse bienvenue de nature et d’authenticité ».

Pour la PLR Patricia Richard, « le cheval est le meilleur ami de l’homme ». Il sera aussi une aide au tourisme. « Ceux qui ont eu l’occasion d’aller dans des villes comme New York, où il y a de superbes balades en calèche à Central Park, savent que c’est une possibilité supplémentaire, une offre qu’on peut proposer à nos touristes ».
L’élue ajoute encore « un cheval peureux est un cheval monté par un cavalier peureux. Dans la nature, évidemment, le cheval est une proie possible qui se méfie, parce qu’il sait qu’il y a des prédateurs. Mais le cheval est confiant avec l’homme, du moment qu’il a un cavalier ou un dresseur de confiance ». « Pour être allée faire des tours en calèche (…), je sais que, si on lâche les rênes, les chevaux s’arrêtent, car ils sont dressés au doigt et à l’œil. On voit qu’ils aiment ça : ils aiment voir les gens, ils aiment recevoir des caresses, ils sont super-dociles. Ils aiment ce qu’ils font, ces chevaux ! Un cheval heureux, ça se remarque ».
« A notre époque où il y a des enfants qui demandent ce qu’est un poulet ou à quoi ressemble ce qu’ils ont dans leur assiette quand c’est vivant, il est bon de leur montrer qu’on ne mange pas le cheval et que c’est un superbe animal avec lequel on vit, un animal qui nous tire, qui est là pour nous, pour nous rendre service ».

Pour l’UDC Didier Lyon, les attelages de chevaux « peuvent apporter une touche romantique et poétique à notre ville ».

Pour le Centriste (ex-PDC) Jean-Luc von Arx, il s’agit une « jolie motion », « à la fois originale, sympathique et imaginative ». Il revient sur l’audition du propriétaire des Attelages du Léman. « Il nous a parlé de son rêve à réaliser comme d’un retour du passé. Il est d’ailleurs venu à son audition avec un chapeau haut-de-forme pour nous présenter tout l’éventail de ce qu’il voulait nous proposer comme animations en ville de Genève ».

Pour le MCG Christian Steiner, d’après son expérience de cavalier, « le cheval est un animal qui s’adapte très bien au milieu urbain, mais il faut un encadrement par des professionnels. Ce n’est pas du tout un animal qui serait resté sauvage ! Le cheval est un animal domestique avec lequel, à force de travail, on arrive à faire de l’attelage ».

Le MCG Daniel Dany Pastore, lui, « ne veut pas faire de bla-bla ». « J’ai pratiqué l’équitation pendant trente-deux ans. Sur ces trente-deux ans, je pense avoir effectué vingt-six ans de dressage. J’ai parcouru la France en balade à cheval pendant des semaines. C’était fantastique, la complicité du cheval avec son cavalier (…) j’ai fait des sessions où j’ai collaboré avec un cheval qui est devenu mon ami, et je suis devenu son ami. Je vous garantis qu’il savait très bien avec qui il était, lorsqu’on partait en voyage à travers la France. Il savait qui le brossait, qui lui donnait à manger et qui le pansait, le soir, quand il avait les jambes un peu fatiguées (…) un cheval que vous montez ou que vous attelez à une calèche n’a rien à voir avec ces chevaux qu’on voit à l’entrée de l’autoroute à Nyon. Il y a sur la droite un très grand champ avec plein de chevaux en liberté. C’est très joli ! Mais ces chevaux, c’est de la viande sur pieds ! Vous n’en ferez jamais rien ! C’est comme les poulets d’élevage dans leurs immenses hangars. Vous ne pouvez même pas monter sur le dos d’un tel cheval, parce que vous lui briseriez la colonne vertébrale. Il est là pour la viande uniquement. Les chevaux utilisés pour un service, qu’ils soient montés ou attelés, ont une autre qualification. Ils ont des bases solides pour pouvoir effectuer ça. Et même de l’esprit ! L’esprit, c’est important pour un cheval. Ces chevaux-là ne sont pas des brontosaures ! Mais ceux de Nyon, oui… Ils ont un petit pois à la place du cerveau. C’est malheureux à dire, mais c’est comme pour les poulets dans les grands élevages de volaille ». « Mettons un peu de romantisme et de sentimentalisme autour de la rade en réintroduisant ces calèches avec ces chevaux ! »

La Verte Jacqueline Roiz sera la seule élue à exprimer ses doutes quant à la présence de calèches en Ville de Genève.
Elle rappelle que le cheval « était naturellement anxieux, parce qu’à l’état sauvage il constitue en fait une proie. On a beau essayer de l’éduquer, ça reste. Quand on le force à aller dans le trafic automobile et à traverser des lieux où il y a énormément de gens, ce n’est pas naturel pour lui. C’est le forcer. Avant sa domestication, sa survie dépendait de sa capacité à fuir à temps, le plus vite possible. Son instinct demeure et maintient ses sens en éveil. L’obliger à circuler en ville implique qu’il fasse tout le temps un effort pour ne pas fuir, pour rester concentré ». Contraindre le cheval à cet environnement stressant est une forme de « maltraitance pour l’animal ».
« J’ai entendu dire que l’animal était là pour nous, que le cheval ne faisait pas de CO2… J’avais l’impression qu’on parlait d’une voiture ou d’une machine ! Certains pensent donc que l’animal est là pour nous, pour nous faire plaisir, tandis que les conséquences sur sa santé ne sont vraiment pas importantes (…) Il y a énormément de nostalgiques, ici… Mais il faudrait peut-être juste ouvrir les yeux et évoluer un peu ! Les choses changent, l’être humain n’est plus au centre d’un écosystème, il fait partie de l’écosystème ».

Présente durant la séance, la Conseillère administrative Marie Barbey-Chappuis est la dernière à intervenir, regrettant « que ce soient les journalistes de la Tribune de Genève qui couvrent nos débats, et pas ceux de Cheval Magazine ». Concernant les calèches dans les parcs, elle en examinera l’opportunité avec son collègue, le Conseiller administratif Alfonso Gomez. Elle y voit une difficulté pratique liée au partage de l’espace publique avec les promeneurs. L’aspect éthique n’est pas évoqué.

Mise au vote, la motion sera acceptée le 23 mai 2022 par 43 oui contre 13 non (4 abstentions). Bien que « non contraignante », elle est transmise au Conseil administratif pour sa mise en œuvre.