Pour sauver des vies humaines et réduire l’expérimentation animale

OUI à la modification de la loi sur la transplantation

Chaque année, une centaine de personnes décèdent en Suisse faute de donneurs. Pour pallier à ce manque d’organes, de nombreux animaux sont expérimentés avec l’objectif de pouvoir les élever un jour comme réservoirs d’organes.

Selon les données publiées par Swisstransplant, environ 450 personnes bénéficient chaque année en Suisse de la transplantation d’un ou plusieurs organes. Mais le nombre de demandeurs est beaucoup plus élevé. Fin 2021, 1434 personnes étaient en attente d’un don d’organe.

Actuellement, la Suisse a un taux de dons d’organes parmi les plus faibles d’Europe (1). Une personne qui veut faire un tel don après son décès doit donner son consentement de son vivant. La modification de la loi vise un consentement tacite. Ce sera à la personne qui ne souhaite pas faire don de ses organes de le faire savoir (2).

Un donneur peut sauver jusqu’à neuf personnes

Dans certains cas, il est possible prélever jusqu’à sept organes sur une personne décédée. Il s’agit du cœur, des deux reins, du pancréas, de l’intestin grêle, et des poumons et du foie qui peuvent parfois être utilisés chacun pour deux receveurs.

Si un organe ne trouve pas immédiatement de receveur compatible en Suisse, il est proposé dans les pays voisins, et inversement. Ces dernières années, la Suisse en a importé davantage qu’elle n’en a exporté. Sur 5 cœurs transplantés à des enfants en Suisse, 4 venaient de l’étranger.

Des organes animaux pour palier aux manques de donneurs  humains

Les premières greffes d’organes animaux sur des humains, appelées xénotransplantations, ont été réalisées au début des années 1900. Ces greffes expérimentales de reins de porcs, de singes ou moutons pratiquées sans trop se soucier des comptabilités sanguines ou réactions immunitaires ont provoqué le décès quasi immédiat des greffés.

L’utilisation de la ciclosporine comme immunosuppresseur à partir des années 1980 a permis de mieux contrôler les rejets hyper-aigus ou chroniques des greffons, relançant la recherche sur les xénogreffes avec l’espoir d’élever des animaux comme réservoirs d’organes pour pallier au manque de donneurs humains.

Un premier essai a eu lieu en 1984 avec la transplantation d’un cœur de babouin sur un bébé qui survécu 21 jours. La recherche s’est ensuite tournée vers le porc, plus facile à élever et avec des organes de taille similaire à ceux de l’humain. Il est également possible de le modifier génétiquement et son instrumentalisation suscite moins de questions éthiques qu’avec des primates.

En octobre 2021, un rein de cochon génétiquement modifié et rattaché à une patiente décédée a réussi à fonctionner durant trois jours. Cette « première mondiale » a été suivie le 7 janvier 2022 aux États-Unis par la transplantation d’un cœur de porc à un homme de 57 ans, atteint d’une pathologie cardiaque en phase terminale. Dans ce pays ou 6000 personnes meurent chaque année faute de donneurs, l’opération réalisée par l’École de médecine de l’Université du Maryland -qui s’était exercée plusieurs années en transplantant des cœurs de porcs chez des primates-  a fait la une des journaux du monde entier. Chacun saluait « l’exploit » et relevait qu’il s’agissait du premier être humain dont la vie « pourrait avoir été sauvée grâce à une xénotransplantation ». La mort 2 mois plus tard du patient est passée quasi inaperçue.

Singes porcs et rats, les grands sacrifiés de notre égoïsme

Les tentatives de produire des xénogreffes pour remédier à la pénurie de dons d’organes font de nombreuses victimes. Les animaux élevés en milieu stérile pour ces opérations et qui ne verront jamais la lumière du jour, et les animaux transplantés qui subissent les violentes réactions de leur organisme pour détruire le greffon. En 2018, un babouin a survécu six mois avec un cœur de cochon. Au prix de quelles souffrances ?

Sources

(1) Quinze Etats européens dont l’Espagne, la France, l’Italie, le Portugal ou la Belgique connaissent déjà le consentement présumé pour le don d’organes.

L’Espagne affiche presque 50 donneurs par million d’habitants, alors que la Suisse n’en comptabilise que 18,3. Elle se trouve à la 14e place sur 21 concernant le don d’organes en Europe.

(2) En cas d’acceptation par le peuple, l’initiative populaire « Pour sauver des vies en favorisant le don d’organes » sera retirée. En savoir plus sur la votation : https://youtu.be/iixfLYtQ6Og

Mise à jour 01.01.2023

Le 15 mai 2022, le peuple a accepté à 60,2% le principe du consentement présumé pour le don d’organes, qui fait que chaque Suisse est un donneur potentiel s’il n’a pas exprimé clairement son refus. Seuls 4 cantons ont refusé la loi sur la transplantation. Il s’agit de Schwytz, Schaffhouse, Appenzell Rhodes-Intérieures et Appenzell Rhodes-Extérieures.
Les travaux pour mettre en œuvre la loi sont toujours en cours et la date de son entrée en vigueur n’est pas connue. Le principe actuel du consentement explicite, à savoir qu’il n’est possible de prélever des organes après la mort que si la personne défunte y a consenti est toujours appliqué.